La graphie postbinaire
Il y a quelques mois, j’ai découvert la collective Bye Bye Binary qui propose des polices d’écriture spécialement adaptées au langage inclusif et non binaire.
L’idée est d’apporter des alternatives aux typographies inclusives actuelles qui utilisent des caractères de séparation (trait d’union, point, point médian, etc.) pour faire apparaitre le genre masculin, le genre féminin et proposer une graphie non binaire.
Les graphies postbinaires proposent donc de créer des manières d’écrire qui inventent de nouveaux caractères qui peuvent ou non ressembler aux caractères traditionnels masculins et féminins.
Comme je le disais dans ce billet de blog, l’utilisation du point médian dans le langage non binaire me semble encore trop binaire, car elle fait apparaitre les deux genres traditionnels au lieu d’en créer un nouveau ou de les fusionner pour mieux refléter la réalités des identités non binaires.
C’est pourquoi l’initiative de la collective Bye Bye Binary est si intéressante. En effet, iels proposent justement dans différentes polices de fusionner les genres traditionnels ou d’inventer des terminaisons tout à fait nouvelles.
Par ce processus graphique, il serait donc possible d’arriver à un langage écrit tout à fait non binaire, et non uniquement une superposition des genres traditionnels. Il ne s’agit alors plus d’une simple fusion superficielle de mots qui peuvent facilement être de nouveau séparés, mais de mots uniques qui présentent soit des caractéristiques des deux genres traditionnels, soit des formes totalement nouvelles.
Il serait alors possible non seulement de faire des propositions de langage non binaire totalement nouvelles, mais même de proposer une langue française écrite réellement neutre, car la graphie ne présenterait plus de genre.
Ces créations de graphies inclusives sont éminemment politiques et s’inspirent de nombreux domaines, notamment des langages non binaires créés dans d’autres langues moins marquées par le genre que le français, comme l’explique un·e membre de la collective :
« Pour travailler le caractère inclusif de sa proposition typographique, chaque dessinateur·ice de caractères expérimente des pistes graphiques tantôt inspirées des usages (@ en espagnol pour une utilisation combinée du o et a, le retournement du (ә) en italien), des milieux militants (l’usage du E en capitale pour appuyer la présence de la forme féminisée — les employéEs ; l’usage du X, graphie régulièrement utilisée dans les milieux transféministes visant à inclure toutes les femmes — womxn, touxtes) ou encore du Moyen-Âge (lettrines imbriquées, abréviations, ligatures). » (source)
Personnellement, j’utilise pour l’instant leur police Baskervvol, qui me semble très simple à lire, même pour les personnes non sensibilisées. Mais d’autres polices disponibles sont beaucoup plus innovantes au niveau graphique. Elles sont disponibles sur ce lien.