La mauvaise traduction du Women’s day

La Journée internationale des droits des femmes est célébrée le 8 mars. Le nom de cette journée a été traduit en français quand elle a commencé à être célébrée dans les pays francophones comme « La Journée de la femme », ce qui a depuis été reconnu comme une mauvaise traduction.

Le choix des mots étant toujours politique, puisqu’ils donnent vie à l’imaginaire collectif, il est intéressant d’analyser les différentes traductions disponibles pour cet évènement, qui est à son origine déjà politique, mais qui a été réapproprié ensuite pour servir d’autres intérêts que ceux de la lutte féministe (promotions sur les fleurs, les parfums et la lingerie par exemple).

  • Pourquoi est-il important de parler de la Journée « des femmes » et non de « la femme » ?

Utiliser un déterminant défini donne une impression d’unité de concept, ce qui peut encourager au rassemblement derrière une lutte par exemple, en effet, mais qui rend floues les différences à prendre en compte dans nos combats.

Dire « la femme », c’est sous-entendre qu’il n’existe qu’une seule manière d’être femme. L’essentialisation fait oublier qu’être une femme, cela implique des choses bien différentes en fonction de la classe sociale, du fait d’être cis ou trans, du poids, de la couleur de peau, et d’une infinité d’autres caractéristiques qui ne correspondent pas à l’image de la fausse « femme parfaite » jeune, blanche, riche et mince véhiculée par le marketing traditionnel.

Le 8 mars est une journée qui a pour objectif de mettre en lumière les discriminations vécues par les femmes au pluriel, des discriminations qui mélangent sexisme et racisme, transphobie, grossophobie, validisme, etc. Les femmes doivent toutes faire face à ces discriminations, et c’est ça qui les lie, même si elles les vivent de manière toujours un peu différente les unes des autres.

Sans savoir que les femmes sont plurielles, on ne peut pas se concentrer sur des manières plurielles de lutter contre des discriminations plurielles.

  • Pourquoi parler de « Journée des droits des femmes » et non de « Journée des femmes » ?

Savoir les femmes plurielles, ça n’empêche pas de leur vendre des bijoux et d’encourager les personnes non sensibilisées à envoyer des messages leur souhaitant une belle journée juste parce qu’elles sont des femmes. C’est pourquoi il est à mon avis important de rappeler dans nos discours que cette journée n’est pas une journée qui vise à célébrer le fait d’être femme. Cette une journée qui a été créée pour organiser une lutte pour que les femmes aient plus de droits (quand elle a été créée, elle se concentrait notamment sur le droit de vote).

Ajouter « pour les droits » ou « des droits » revient alors à affirmer une position politique et à refuser une réappropriation capitaliste de cette journée. Il s’agit ici d’appuyer le fait que le 8 mars, les femmes sortent dans les rues pour demander plus d’égalité pour toutes. Le rajouter ne laisse pas la place à l’interprétation, pas de possibilité de se tromper sur l’objectif des manifestations. C’est rendre la lutte visible, pour qu’elle fasse parler et ait une réalité dès sa formation dans les mots.

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