Queer feminist translation affect and decoloniality symposium

💪 En février, je suis tombé·e sur un évènement qui avait l’air incroyable : le Queer feminist translation affect and decoloniality symposium.

Un événement sur la traduction queer, féministe et décoloniale ? Impossible pour moi de rater ça, vous imaginez bien.

Deux idées ont fait écho à des questions que je me pose souvent :

💡 Traduire en langue coloniale : trahison ou diffusion ?

Vous connaissez sûrement la citation d’Audre Lorde « on ne détruira pas la maison du maitre avec les outils du maitre ».

Alors traduire (ou écrire) des textes décoloniaux en langue coloniale, n’est-ce pas soutenir le système dans lequel elles sont hégémoniques ?

Mais en même temps, la colonisation ayant eu l’impact qu’elle a eu, la manière la plus simple d’être compris·es par le plus de personnes possible est de communiquer dans une de ces langues qui sont parlées au niveau international.

Et puis, les personnes au pouvoir maitrisant majoritairement ces langues-là aussi, la traduction dans ces domaines permet de sensibiliser ces personnes à ces problématiques et donc d’espérer qu’elles utilisent leur pouvoir pour faire changer les choses.

💡 Toute violence dans un texte est-elle légitime à reproduire ?

Une des intervenant·es donnait un exemple d’un guide de traduction qu’elle a mis en place avec une collègue pour le « N word ».

Ces deux personnes traduisaient un livre de l’anglais états-unien à l’italien. En italien, le « N word » existe, mais il n’a pas été réapproprié par les personnes concernées, ce qui a pour conséquence que l’utilisation de sa traduction littérale est TOUJOURS violente et raciste.

Or dans le livre, des personnes noires utilisent ce mot pour parler d’autres personnes noires, comme c’est encore le cas aux États-Unis actuellement. C’est un mot qui marque l’appartenance à la communauté afro-américaine et qui est utilisé de manière informelle pour montrer la proximité entre les personnes.

Les traductrices ont donc décidé de ne garder la traduction littérale du « N word » que quand il était utilisé de manière raciste dans le livre. S’il était utilisé d’une autre manière, elles l’ont traduit par un autre mot.

Évidemment, cela pose la question : qu’est-ce qu’une traduction fidèle ? Dois-on donner la priorité aux mots ou à leur connotation en contexte ?

Je suis personnellement partisan·e de la deuxième option. Dans ma traduction de Garafía, par exemple (disponible chez vos libraires 😉), j’ai refusé de garder des connotations putophobes dans certaines expressions insultantes. Parce que l’important, c’était l’aspect insultant, pas l’aspect putophobe.

❓ Et sinon, tout ça m’a donné très envie de lire The feminist killjoy de Sara Ahmed, parce que beaucoup des personnes présentes l’ont mentionné. Vous connaissez ? Vous recommandez ?

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