Gnôthi seauton
J’ai découvert Madrid en septembre 2017, au cours de mon premier voyage en solitaire après une année difficile.
Cette année-là, j’avais perdu une des personnes les plus importantes de mon entourage. Sa disparition avait produit en moi un déclic : j’allais trouver ce qui me convenait, et en vivre.
Mais si j’avais eu besoin de cette parenthèse, c’est aussi parce que l’environnement dans lequel j’évoluais, et qui donnait la priorité aux profits alors que je voulais sauver le monde et écrire des livres, était un environnement qui ne me convenait pas, et ne me conviendrait sûrement jamais.
Je devais donc trouver un moyen de me sortir de là, et pour ça il me fallait savoir où aller, et donc découvrir qui je voulais vraiment devenir.
Dans ce contexte, Madrid s’était révélée radicale, ouverte, et ses rues étroites et ensoleillées m’offraient la pause parfaite, loin de la morosité de Paris.
Je voyais des drapeaux LGBT+ et des tags féministes sur tous les bâtiments, j’avais trouvé la ville qu’il me fallait. J’avais 22 ans et je voulais que la lutte sociale emplisse mon quotidien. J’avais décidé que ce serait ici.
En chemin, j’ai aussi découvert que je ne voulais pas travailler en entreprise.
L’indépendance était une des valeurs fondamentales de mon travail, ainsi que l’impression d’être utile.
Après avoir travaillé dans des cadres hiérarchiques rigides, et pour des client·es dont je ne partageais pas les valeurs, j’en ai déduit que la meilleure solution pour moi serait de me mettre à mon compte.
J’ai aussi découvert que, définitivement, l’activisme représentait une trop grande partie de mon être pour se cantonner à la sphère privée et bénévole.
J’utilisais déjà depuis des années la communication inclusive au quotidien, alors pourquoi ne pas la mettre au service de mon travail de traduction ? Le monde était en train d’évoluer, et de plus en plus d’entités s’y intéressaient. J’avais les connaissances pour participer à ce changement de mentalité.
En 2019, après deux ans de planification, j’avais enfin un projet qui me semblait réaliste : partir habiter à Madrid et faire de la traduction inclusive en freelance, pour des ONG.
Ce rêve que je réalise depuis 4 ans est une des bases de mon épanouissement. Il me permet tous les jours d’en apprendre plus sur moi-même, sur les possibilités d’amélioration de notre société, mais aussi sur la profondeur de ses problématiques.