Pensamiento monógamo, terror poliamoroso de Brigitte Vasallo

Je parle (enfin) d’espagnol.

L’espagnol n’est pas ma langue maternelle, mais après avoir vécu plus de quatre ans en Espagne et pratiqué le langage non binaire au quotidien, c’est un sujet qui me tient à cœur.

En début d’année, j’ai lu Pensamiento monógamo, terror poliamoroso de Brigitte Vasallo.

Ce qui m’a particulièrement marqué·e dans le livre, c’est la manière dont l’autrice utilise le langage :

♀️ Le féminin générique, qu’elle qualifie d’« honorifique » ou « de rébellion ».

Un genre générique, c’est un genre qui, quand il est utilisé, renvoie à une diversité de genre, exactement comme on utilise pour l’instant le masculin en français non inclusif.

On est donc sur du « le féminin l’emporte ».

Elle l’emploie pour parler des groupes minorisés ou dissidents, en cohérence avec le positionnement politique de son livre. C’est donc un féminin qui a plus pour but d’attirer l’attention sur les hiérarchies traditionnelles de genre dans la langue que sur un genre féminin figé des personnes dont elle parle.

♂️ Le masculin qu’elle dit « intentionnel ».

Ici, elle fait aussi du masculin un genre générique, puisqu’elle l’utilise pour parler des personnes oppresseuses. Cependant, elle utilise intentionnellement le masculin pour dénoncer le fait que la plupart des personnes oppresseuses sont des hommes (ce qui en fait un masculin de majorité) mais aussi pour condamner la masculinité traditionnelle comme problématique.

Certain·es diront « not all men » donc j’anticipe. L’idée, ce n’est pas de dire que tous les hommes sont oppresseurs, mais de voir la masculinité traditionnelle comme servant le système patriarcal et donc encourageant les violences faites aux femmes et aux autres genres minorisés, ce qui la rend condamnable en tant que genre construit.

✅ Enfin, elle souligne que ce choix permet aussi de filtrer son lectorat : si quelqu’un·e est outré·e d’être désigné·e au féminin dans un contexte d’oppression ou au masculin dans un contexte de condamnation de la masculinité, iel sera probablement encore plus choqué·e par le reste du livre et devrait peut-être s’abstenir.

Ça fait du bien de lire des livres qui prennent ces différents aspects en compte, même si le sujet principal du texte n’est pas le genre ou le langage inclusif en soi.

❓ Alors, le féminin honorifique et le masculin intentionnel, pour ou contre ?

Bonus : elle a aussi écrit un livre sur le langage inclusif et non binaire, il est encore sur ma PAL, mais je le commenterai évidemment par ici quand je l’aurai lu.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *